lunes, 1 de diciembre de 2003

En francés - Sobre la posibilidad de una reforma energética

Une réforme énergétique devenue urgente

Les Echos n° 19042 du 01 Decembre 2003 • page 8

Malgré d'importantes ressources, le Mexique est confronté au manque d'investissement dans le secteur énergétique.

Le secteur énergétique mexicain vit un paradoxe. Le pays est l'un des dix premiers producteurs et exportateurs mondiaux de pétrole brut, vendant à l'étranger plus de 1,6 million de barils par jour. Or, dans le même temps, il importe quotidiennement près de 243.000 barils de produits raffinés. De plus, alors que le Mexique jouit d'importantes réserves de gaz naturel (1.700 milliards de mètres cubes de réserves prouvées), il doit compter sur l'extérieur pour couvrir un tiers de sa demande interne. La carence d'investissements caractérise l'ensemble du secteur énergétique, qui dépend de l'Etat, par l'intermédiaire de deux établissements publics, Pemex (pour le pétrole et le gaz naturel) et la CFE (pour l'électricité). Alors que plus de 70 % des revenus de Pemex sont reversés au fisc (couvrant ainsi un tiers du budget de l'Etat), chacun comprend mieux que l'entreprise manque de ressources propres pour financer ses investissements. D'où la nécessité de modifier la Constitution afin d'ouvrir clairement le secteur aux investissements privés, estime Eduardo Andrade, président de l'Association Mexicaine d'Energie Electrique. Le ministère de l'Energie évalue les besoins pour les cinq prochaines années à près de 110 milliards de dollars : 40 milliards dans les hydrocarbures, 25 dans le raffinage et la pétrochimie de base, 20 dans le gaz naturel et 25 dans l'électricité.
Tous les acteurs politiques et économiques reconnaissent donc que la situation du secteur est critique. Mais s'il y a consensus autour de l'urgence de la réforme, les divergences sur son contenu ont empêché jusqu'à présent sa matérialisation. La nomination d'un nouveau ministre de l'Energie, bien accueillie par les parlementaires, pourrait débloquer la situation. Reste à voir quelle sera l'envergure d'une réforme qui devra nécessairement faire consensus, le parti au gouvernement ne disposant pas d'une majorité législative.

LAURENCE PANTIN

http://archives.lesechos.fr/archives/2003/LesEchos/19042-55-ECH.htm?texte=Laurence Pantin

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Le gouvernement mexicain pris entre deux feux

Les Echos n° 19042 du 01 Decembre 2003 • page 8

Malgré la pluie, entre 80.000 et 200000 personnes selon les estimations ont défilé dans les rues de la capitale mexicaine jeudi, bloquant le centre de la ville. Clamant que « la patrie n'est pas à vendre », les manifestants ont répondu à la convocation d'organisations syndicales et paysannes, de mouvements étudiants, d'ONG et de partis d'opposition pour protester contre le projet de réforme électrique du gouvernement. Celui-ci propose de modifier la Constitution pour permettre l'exploitation de ressources naturelles par des investisseurs privés, ce que les opposants considèrent une forme déguisée de privatisation (voir ci-dessous). « Il semblerait que c'était surtout une manifestation contre le gouvernement », estime Diego Reynoso, chercheur en sciences politiques à la Faculté latino-américaine de sciences sociales. Pour autant, le mandat du président n'est pas menacé. Contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, où des manifestations populaires ont pu forcer le président à démissionner, comme en Bolivie, « les Mexicains ont beaucoup de respect pour leurs institutions ».

Le patronat au créneau
Simultanément, les organisations patronales sont montées au créneau pour condamner les manifestations et rappeler l'urgence des réformes pour faire redémarrer la croissance. La réaction des marchés financiers face à l'incertitude qui règne ne s'est pas fait attendre. Le taux de change du peso par rapport au dollar, qui n'a pratiquement pas cessé de baisser depuis début novembre, a atteint des niveaux record vendredi, tombant à 11,40 pesos, contre 11,34 la veille.

N'ayant pas obtenu de majorité au Parlement lors des élections législatives de juillet, l'équipe de Fox n'a pas su construire l'union nationale nécessaire pour débloquer la situation. De son côté, le principal parti d'opposition, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), est en train de vivre l'un des pires moments de son histoire, en proie à une crise qui menace de s'achever en scission. Voyant la possibilité de regagner la présidence aux prochaines élections de 2006, certains députés du PRI ont offert leur soutien à la réforme fiscale du président, qui pourrait relancer l'activité économique et donnerait une plus large marge de manoeuvre au prochain gouvernement. Mais le reste du parti ne tient pas à endosser le coût politique que représenterait le passage d'une réforme des impôts qui toucherait de plein fouet les couches les plus démunies de la population (dont la moitié vit dans la pauvreté). Ces derniers se sont insurgés contre Elba Esther Gordillo, le président de leur groupe à l'Assemblée et le plus fervent partisan de la collaboration avec le gouvernement, réclamant sa démission.

Or, sans le PRI, Fox a les mains liées puisque le deuxième parti d'opposition, le Parti de la révolution démocratique (PRD), qui contrôle 20 % des sièges à l'Assemblée, s'oppose férocement aux réformes.


LAURENCE PANTIN

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miércoles, 17 de septiembre de 2003

Cobertura de la conferencia de la OMC en Cancún

Chronique d'un échec programmé

Les Echos n° 18989 du 16 Septembre 2003 • page 6

La dramaturgie des cinq jours de ministérielle s'est jouée sur le registre de la fracture Nord-Sud.
Dimanche. Il est trois heures à Cancún. Quasiment toute la délégation française déjeune dans une ambiance bon enfant à l'hôtel Fiesta Americana, juste en face du centre de conférence où se tiennent, à huis clos pour l'essentiel, les débats de l'OMC. Des délégués hors d'haleine viennent prévenir les ministres français Hervé Gaymard et François Loos que Luis Ernesto Derbez, le président de la conférence, s'apprête à prononcer la fin des négociations. Stupeur. Chacun pensait pouvoir parvenir à un accord de dernière minute. Car l'Union européenne avait lâché, le matin, du lest sur deux sujets de Singapour (investissement, concurrence, facilitation des échanges et transparence des marchés publics), pour aider débloquer la situation.
Dès mardi, la veille de l'ouverture de la ministérielle, le ton avait été donné par un groupe de vingt pays en développement (G20) opposés à l'accord agricole euro-américain du 13 août. Mercredi, à l'ouverture de la ministérielle, le G20, devenu entre-temps 21 grâce au ralliement de l'Egypte, bat le rappel auprès de pays africains. Luis Ernesto Derbez, charge des « facilitateurs » de réconcilier les positions. Simultanément, quatre pays africains créent un coup de théâtre.
La valse des G Le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad proposent une initiative sur le coton et demandent, surtout à Washington, l'élimination des subventions sur ce produit. Du presque jamais vu. Décidément la fronde des pays en développement gronde. Les Etats-Unis se sentent obligés de dire qu'ils vont y répondre. C'est fait dans la nuit : mais Washington souhaite élargir le débat à la concurrence des produits synthétiques, dommageable pour l'économie américaine. En aparté, Robert Zoellik, le représentant américain au Commerce, explique à ces pays africains que s'ils ont des problèmes de manque à gagner, ils n'ont qu'à s'adresser à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international. « Si les Etats-Unis avaient voulu braquer les Africains, il ne s'y seraient pas pris autrement », déclarait-on alors dans les coulisses.
Jeudi, la valse des G ne faisait que commencer. Le G9, comprenant des pays importateurs nets de produits agricoles comme le Japon, la Suisse ou la Corée du Sud présentait un texte à son tour. Américains et Européens expliquent officiellement que les positions du G21 sont « confuses ». Il n'empêche : les négociations ne prennent pas : chacun reste enfermé dans sa logique de sourd. Le lendemain, les pays africains, les pays ACP et les moins avancés scellent à leur tour une alliance, aussitôt surnommée le « G90 ». Les Etats-Unis et l'Union européenne, qui avait passé un temps précieux à persuader les pays les plus pauvres que le G21 n'avait pas les mêmes intérêts qu'eux, sont soulagés, ayant réussi à « contenir » le G21.
Tout le monde attend pour le lendemain le projet de déclaration. Les délégations, les représentants d'ONG se croisent dans les couloirs des hôtels ou au bar, devisant sur le contenu du texte à venir et pariant sur l'issue de ce sommet. Les milieux industriels fulminent, regrettant amèrement de se trouver « otage de l'agriculture ». Signe des temps : 40 représentants agricoles français ont fait le déplacement à Cancún, contre moins d'une dizaine pour les entreprises.
Samedi, le projet de déclaration est enfin publié au milieu de la journée. On a enfin l'impression que les choses vont réellement démarrer. Après réflexion, les pays africains et les ONG réagissent bien avant l'Union européenne ou les Etats-Unis. « Nous avons un dicton qui dit que la montagne a accouché d'une souris. Ici, ce n'est même pas une souris, c'est une fourmi », déclarait un représentant des producteurs africains de coton. L'UE dénonce la ligne rouge franchie par le texte agricole, l'Inde, dont le représentant est surnommé « Mister Niet » par Pascal Lamy, et la Malaisie hurlent contre les velléités de l'Union européenne de chercher à tout prix à leur imposer un accord sur l'investissement. Quelques réunions en « chambre verte » (réunions restreintes) n'ont pas été suffisantes pour rapprocher les uns et les autres. C'est, en tout cas, le point de vue de Luis Ernesto Derbez, qui a arrêté les compteurs bien avant l'heure.

LAURENCE PANTIN

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Réactions : entre tentation et craintes du bilatéralisme

Les Echos n° 18989 du 16 Septembre 2003 • page 6


Les professionnels n'ont pas caché leur déception après l'échec de Cancún. La fin du multilatéralisme au profit du bilatéral est une crainte largement partagée.

Emmanuelle Butaud, directrice des affaires économiques et internationales de l'Union des industries textiles, et Philippe J. Lecas, délégué général de l'Union française des industries de l'habillement.
« Nos deux fédérations regrettent un échec qui pénalise avant tout les pays en développement et particulièrement les pays africains, compte tenu des incertitudes sur les modalités pratiques de la négociation, sur l'accès au marché pour les produits non agricoles. Et l'absence d'assurance d'une négociation tarifaire sectorielle pour le textile-habillement. Cet échec doit reposer, au niveau de l'Europe, la question d'une multiplication des accords bilatéraux et renforce l'urgence de la concrétisation de l'espace euro-méditerranéen à quinze mois de la disparition des quotas textile-habillement. »

Gary Campkin, directeur à l'international de la Confédération de l'industrie britannique.
« C'est évidemment un résultat très malheureux. Il y avait des progrès vers un accord et, de façon surprenante, cela a échoué. Des délégations sont venues ici avec l'intention de parvenir à un accord, d'autres n'en voulaient clairement pas. Pour les milieux d'affaires, c'est un occasion perdue, de même que pour l'économie mondiale et les pays en développement. Après une courte période de réflexion, nous espérons que les ministres voudront se retrouver pour faire progresser le programme de développement de Doha. Car il existe un risque réel que les initiatives régionales et bilatérales prennent le dessus. »

Pascal Kerneis, directeur du Forum européen des services.
« Nous sommes très déçus, parce que nous voulions avoir un lancement des négociations sur les services, avec une date butoir à la clef. C'est la seule façon d'avancer. Nous sommes surtout déçus pour les pays en développement, pour qui c'était une opportunité. Plus grave, nous avons le sentiment que tout le système est en danger et qu'il faudra du temps pour se remettre de cet échec, car les Américains ne devraient pas donner de souffle à ces négociations et les pays en développement ont besoin de se repositionner. »

Jean Rodesch, directeur des affaires européennes de Pernod Ricard.
« Nous avions des espoirs parce qu'au chapitre agricole, les vins et spiritueux ont des intérêts offensifs, notamment en termes d'accès au marché et de traitement des "indications géographiques" (appellations d'origine). Or, nous n'avons rien obtenu. L'élaboration d'un registre multilatéral des indications géographiques restant hypothétique, nous serons peut-être amenés à nous orienter davantage vers des accords bilatéraux avec les principaux partenaires où nous exportons. C'est ce que l'Union européenne s'apprête à faire avec le Canada. Ce qui est une façon de pousser le secteur viticole américain à entrer dans cette négociation sur la protection des appellations. »

Dominique Chardon, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles.
« Pour les agriculteurs et les organisations professionnelles agricoles françaises, cet échec valait certainement mieux qu'un mauvais accord. Restent des incertitudes qui tiennent à la clause de paix sur les restitutions à l'exportation. Mais je ne peux pas imaginer qu'on entre dans une guerre commerciale en ces périodes troublées. Par ailleurs, l'échec de Cancún n'est pas dû à l'agriculture, bien qu'on nous ait souvent traité d'archaïques ou d'empêcheurs de la modernité commerciale. Si tous les intérêts ne sont pas convergents, il y a une prise de conscience des forces paysannes dans le monde. Analysons et travaillons ensemble car nous pourrions profiter des difficultés actuelles pour aborder l'agriculture et l'alimentation dans le monde d'une autre façon. »

Céline Charvériat, spécialiste des questions multilatérales chez Oxfam.
« Les pays en développement sont venus à Cancún dans l'espoir d'un accord qui remplisse les promesses de Doha. Les pays riches ont refusé de les écouter, mais n'ont pas pu, cette fois, les diviser. Nous appelons malgré tout ces pays à revenir à la table des négociations à Genève sur de nouvelles bases, car l'avenir de millions de gens en dépend. Après l'affaiblissement de l'ONU dans le dossier irakien, les pays doivent absolument sauver le multilatéralisme, éviter de livrer le monde à des rapports de force bilatéraux brutaux. »


LAURENCE TOVI ET LAURENCE PANTIN

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OMC : négociations à l'arraché à Cancún

Les membres de l'Organisation mondiale du commerce tentaient toujours hier de trouver un compromis acceptable pour permettre la poursuite des négociations commerciales multilatérales, lancées il y a deux ans à Doha. L'incertitude demeurait sur la possibilité de conclure le sommet hier soir comme prévu.

Les Echos n° 18988 du 15 Septembre 2003 • page 14

Les membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont appuyé sur l'accélérateur hier pour trouver un accord-cadre qui permette la poursuite des négociations commerciales multilatérales, lancées il y a deux ans à Doha. Après le jeu de rôle des tout premiers jours, les travaux ont vraiment débuté, vendredi, dans la station balnéaire mexicaine de Cancún, pour aboutir, samedi, à la publication d'un projet de déclaration ministérielle devant clôturer ce sommet.

« C'est une base de travail acceptable », a commenté le commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy. Un message relayé par son homologue américain, le représentant au commerce, Robert Zoellick.

D'autres affichaient alors un son de cloche différent. « C'est un texte limité qui n'appuie pas les demandes conjointes des membres du G21 [NDLR : 21 pays en développement, regroupés à l'ouverture de la réunion pour contrer les pays riches] », a précisé Miguel Rossetto, le ministre brésilien du Développement agraire.

L'Europe lâche du lest
Dans ce contexte, la journée d'hier a commencé par une « chambre verte », une réunion qui ne rassemble qu'un nombre très limité de participants pour essayer de faire avancer les sujets. Alors que plusieurs grands pays en développement affichaient leur opposition sur des thèmes à l'étude depuis la réunion de Singapour en 1996, la concurrence, l'investissement, les marchés publics et la facilitation des échanges, l'Union européenne a lâché du lest. Pascal Lamy a accepté que ces sujets ne soient pas liés au reste des négociations, que l'Union européenne veut voir aboutir fin 2004.

« Même si officiellement les travaux continueront sur ces thèmes de Singapour, l'Union européenne a reculé. Elle perd là le volet régulation de la mondialisation qu'elle voulait, car il ne faut pas s'y tromper. Une négociation sur ces sujets est très hypothétique », lâche un expert. Mais on n'a rien sans rien. L'Union européenne espérait bien en début de journée pouvoir obtenir, en contrepartie, plus de compréhension de ces partenaires sur le volet agricole.

Possible nuit de prolongation
Les pays en développement estiment que les efforts demandés aux Etats-Unis et à l'Union européenne en matière de libéralisation des marchés agricoles sont insuffisants. Ils ont toutefois obtenu que le projet de déclaration mentionne une date butoir pour l'élimination des soutiens à l'exportation.

Alors que les occasions de rire dans ces réunions sont rares, Pascal Lamy a osé un brin d'humour sur le sujet. « J'ai lu le texte en français et c'est la même chose qu'en anglais », a-t-il ironisé samedi, en référence aux ambiguïtés soulevées lors des traductions des textes officiels. Pour la France, prévoir une élimination des subventions à l'exportation est inacceptable.

« Le texte sur l'agriculture franchit dans plusieurs domaines les lignes rouges du mandat européen », a insisté samedi soir Hervé Gaymard, devant les fédérations agricoles françaises qu'il rencontre chaque jour. Le ministre de l'Agriculture a notamment regretté le fait que le texte ne prenne pas en compte les effets de l'élargissement de l'Union sur les soutiens domestiques et traite mieux les Etats-Unis que l'Union européenne.

En fin de matinée hier, les délégués présents à Cancún poursuivaient leurs discussions, en vue de produire un projet final de déclaration. « Nous devrions pouvoir trouver un accord », a précisé hier Arancha González, la porte-parole de Pascal Lamy. Mais l'incertitude demeurait sur la possibilité de conclure ce sommet commercial hier soir comme prévu. Une nuit de prolongation n'était pas exclue.


LAURENCE TOVI ET LAURENCE PANTIN

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Cancún : un début à pas de tortue pour une libéralisation à pas de géant

La réunion de l'Organisation mondiale du commerce de Cancún, qui s'est ouverte mercredi, n'est pas encore entrée dans le vif des négociations. L'Union européenne et les Etats-Unis sont gênés par la position de 21 pays en développement sur l'agriculture.

Les Echos n° 18987 du 12 Septembre 2003 • page 10

La réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce, qui s'est ouverte mercredi dans la station balnéaire mexicaine de Cancún, n'a pas encore trouvé son rythme. « C'est une négociation qui démarre lentement », a-t-on reconnu, hier, dans les milieux officiels français. La multiplication de déclarations tactiques, la mise en place de cinq comités de négociations _ agriculture, développement, tarifs industriels, sujets de « Singapour » (1) et sujets divers _, et les rencontres bilatérales ont dominé les premières heures de cette « revue de mi-parcours » de l'agenda de Doha, lancé en 2001 au Qatar, en vue d'une nouvelle libéralisation des échanges mondiaux.

Les 146 ministres et représentants des pays membres de l'OMC n'avaient hier matin aucun texte de travail à leur disposition. « Le groupe de 21 pays en développement a rejeté le projet de déclaration finale sur l'agriculture. Nous sommes dans un no man's land », a commenté le ministre français délégué au Commerce extérieur, François Loos. « Nos propositions existent. C'est le texte que nous avons dévoilé le 20 août à Genève. Elles ne peuvent être ignorées. Cette nouvelle dynamique peut conduire à de vraies négociations », rétorque le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim. L'Union européenne et les Etats-Unis sont bien embarrassés par la fermeté des 21 pays. Ils doivent accepter la rédaction d'un nouveau projet, réconciliant les intérêts. Chacun s'attend à ce que ce texte sorte au mieux demain soir. Le chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim, a précisé qu'il voulait le texte suffisamment tôt, pour avoir le temps de l'étudier et ne pas être mis devant le « fait accompli ».

Intérêts offensifs
Le « groupe des 21 » maintient sa revendication d'une élimination des subventions à l'exportation. « La question est quand et comment. Mais le mot élimination figure dans la déclaration de Doha. Il n'y a pas lieu de jouer avec les mots », a indiqué Celso Amorim. Cet objectif ne fait pas partie du mandat de négociation du commissaire européen au Commerce, Pascal Lamy. Faut-il le changer ? « Cela n'est pas à l'ordre du jour », insiste le ministre français de l'Agriculture, Hervé Gaymard. « La fin des subventions n'est pas le médicament pour un certain nombre de pays en développement. Il faut être prudent avec ce genre de rhétorique sexy », commente aussi Gregor Kreuzhuber, le porte-parole du commissaire européen à l'Agriculture, alors que l'Union tente de persuader des petits pays en développement qu'ils n'ont aucun intérêt à soutenir les intérêts offensifs à l'exportation de grands pays comme le Brésil. Les Etats-Unis se sont faits encore plus clairs, voire menaçants. « Réfléchissez bien à quel camp vous voulez appartenir », aurait lancé le représentant américain au Commerce, Robert Zoellick.

Les premières heures des négociations à Cancún ont également été marquées par les craintes d'un certain nombre de pays sur la transparence des processus de décision. « Les choses semblent moins bien parties qu'au début de la réunion de Doha. Alors qu'est-ce que cela sera dans la dernière ligne droite ? » s'interroge un délégué africain. « J'espère que nous serons non seulement entendus mais écoutés. [Sinon] cela peut faire des dégâts », prévient Jean-Robert Goulongana, le secrétaire général du groupe des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. Il ajoute : « Nous connaissons la maxime : diviser pour mieux régner. C'est à nous d'être vigilants et de défendre nos intérêts communs » face aux pays riches.



LAURENCE TOVI ET LAURENCE PANTIN

(1) Concurrence, investissement, transparence des marchés publics et facilitation des échanges.


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Le Mexique, champion et victime de la libéralisation

Les Echos n° 18986 du 11 Septembre 2003 • page 10


Hôte de la 5e Conférence ministérielle de l'OMC à Cancún, le Mexique est lui-même un champion de la libéralisation des échanges.

Membre de l'Organisation mondiale du commerce depuis sa création, en 1995, le Mexique a mis en place dès 1994 l'Accord de libre-échange nord-américain avec les Etats-Unis et le Canada, qui l'a amené à concentrer plus de 90 % de ses échanges avec son voisin direct au cours des dernières années. La récente récession américaine, qui l'a touché de plein fouet, a d'ailleurs bien montré sa trop grande dépendance vis-à-vis de son imposant voisin. D'où le souci de Mexico de diversifier ses partenaires, en cherchant à signer une série d'accords avec d'autres pays. Le Mexique est ainsi désormais lié par des accords de libéralisation des échanges avec 32 partenaires, dont l'Union européenne depuis 2000. Mais la domination américaine reste jusqu'à présent indiscutée.

Il faut reconnaître que l'Alena a permis de tripler les échanges commerciaux du pays en neuf ans, et d'augmenter de façon considérable les investissements étrangers, qui ont atteint 153 milliards de dollars dans le même temps. « Parmi les pays en développement, nous sommes après la Chine, et en concurrence avec le Brésil, le deuxième pays le plus attractifs pour les investissements étrangers », déclare Fernando Canales Clariond, le ministre mexicain de l'Economie. Et il ajoute : « C'est grâce à la mondialisation que nous avons obtenu ces ressources additionnelles. »

Concurrence asiatique
Sur le plan industriel, l'Alena a surtout provoqué un boom des « maquiladoras », ces zones franches où les importations de matières premières sont exemptes de droits de douane, afin de permettre leur assemblage et leur réexportation. De nombreuses entreprises américaines, mais également asiatiques ou européennes, se sont ainsi installées de l'autre côté du Rio Grande pour profiter des bas coûts de la main-d'oeuvre locale.

Mais si, grâce aux « maquiladoras », le niveau des exportations a vivement progressé depuis l'entrée en vigueur de l'Alena, il en a été de même pour les importations. Pour Clemente Ruiz Durán, économiste à l'Université nationale autonome du Mexique (Unam), le modèle de la croissance par les exportations a été décevant. « Pendant dix ans d'Alena, l'économie a progressé de moins de 1 point par an », renchérit Alberto Arroyo, analyste du Réseau mexicain d'action face au libre-échange. En outre, avec l'adhésion de la Chine à l'OMC, le Mexique voit ses « maquiladoras » textiles désertées au profit du géant asiatique. Les seules à résister encore à l'appel du grand large restent les industries automobiles et électroniques.


LAURENCE PANTIN

http://archives.lesechos.fr/archives/2003/LesEchos/18986-34-ECH.htm?texte=Laurence Pantin

jueves, 11 de septiembre de 2003

En francés - Sobre la situación del comercio mexicano

Le Mexique champion et victime de la libéralisation

Les Echos n° 18986 du 11 Septembre 2003 • page 10
INTERNATIONAL


Hôte de la 5e Conférence ministérielle de l'OMC à Cancún, le Mexique est lui-même un champion de la libéralisation des échanges.


Membre de l'Organisation mondiale du commerce depuis sa création, en 1995, le Mexique a mis en place dès 1994 l'Accord de libre-échange nord-américain avec les Etats-Unis et le Canada, qui l'a amené à concentrer plus de 90 % de ses échanges avec son voisin direct au cours des dernières années. La récente récession américaine, qui l'a touché de plein fouet, a d'ailleurs bien montré sa trop grande dépendance vis-à-vis de son imposant voisin. D'où le souci de Mexico de diversifier ses partenaires, en cherchant à signer une série d'accords avec d'autres pays. Le Mexique est ainsi désormais lié par des accords de libéralisation des échanges avec 32 partenaires, dont l'Union européenne depuis 2000. Mais la domination américaine reste jusqu'à présent indiscutée.
Il faut reconnaître que l'Alena a permis de tripler les échanges commerciaux du pays en neuf ans, et d'augmenter de façon considérable les investissements étrangers, qui ont atteint 153 milliards de dollars dans le même temps. « Parmi les pays en développement, nous sommes après la Chine, et en concurrence avec le Brésil, le deuxième pays le plus attractifs pour les investissements étrangers », déclare Fernando Canales Clariond, le ministre mexicain de l'Economie. Et il ajoute : « C'est grâce à la mondialisation que nous avons obtenu ces ressources additionnelles. »
Concurrence asiatique
Sur le plan industriel, l'Alena a surtout provoqué un boom des « maquiladoras », ces zones franches où les importations de matières premières sont exemptes de droits de douane, afin de permettre leur assemblage et leur réexportation. De nombreuses entreprises américaines, mais également asiatiques ou européennes, se sont ainsi installées de l'autre côté du Rio Grande pour profiter des bas coûts de la main-d'oeuvre locale.
Mais si, grâce aux « maquiladoras », le niveau des exportations a vivement progressé depuis l'entrée en vigueur de l'Alena, il en a été de même pour les importations. Pour Clemente Ruiz Durán, économiste à l'Université nationale autonome du Mexique (Unam), le modèle de la croissance par les exportations a été décevant. « Pendant dix ans d'Alena, l'économie a progressé de moins de 1 point par an », renchérit Alberto Arroyo, analyste du Réseau mexicain d'action face au libre-échange. En outre, avec l'adhésion de la Chine à l'OMC, le Mexique voit ses « maquiladoras » textiles désertées au profit du géant asiatique. Les seules à résister encore à l'appel du grand large restent les industries automobiles et électroniques.


LAURENCE PANTIN

lunes, 21 de julio de 2003

En francés - Sobre los intercambios comerciales entre México y Francia

La France veut participer au rééquilibrage des échanges extérieurs mexicains

Les Echos n° 18949 du 21 Juillet 2003 • page 6
INTERNATIONAL

AMÉRIQUE LATINE En visite au Mexique, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a soutenu la place des entreprises françaises et européennes dans un pays qui souhaite diversifier ses partenariats économiques et commerciaux.

La France veut participer au rééquilibrage des échanges extérieurs mexicains

Au moment où le Mexique souhaite plus que jamais rééquilibrer ses relations commerciales extérieures, Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires étrangères, a affirmé les ambitions de la France en la matière, au cours d'une visite au Mexique placée sous le signe de l'économie. Une orientation confortée par la profonde entente entre Paris et Mexico sur les grands dossiers internationaux, et particulièrement par la communauté de leur position, au printemps dernier, contre une guerre en Irak sans l'aval des Nations unies.
Plus de 90 % des exportations mexicaines continuent à se diriger vers les Etats-Unis _ depuis 1994 partenaires du Mexique et du Canada au sein de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) _, et le fort ralentissement économique sévissant chez son grand voisin a, logiquement, touché de plein fouet l'économie mexicaine. « Pour nous, diversifier nos marchés est fondamental », a expliqué, le ministre mexicain des Affaires étrangères, Luis Ernesto Derbez, vendredi lors de sa rencontre avec Domnique de Villepin. Peinant à vivifier un marché intérieur important (100 millions d'habitants), mais particulièrement atone depuis la crise de 1995 et en raison du haut niveau de pauvreté, le Mexique est devenu un gros exportateur.
« Un nouvel élan »
A la recherche de nouveaux partenaires, Mexico détient d'ailleurs le record du nombre d'accords commerciaux bilatéraux signés avec d'autres pays. Le gouvernement de Vicente Fox est ainsi actuellement en négociation avec le Japon afin d'établir un traité de libre-échange, et il vient d'entamer des discussions, la semaine dernière, pour élargir son accord commercial avec le Pérou.
« L'entrée en vigueur en juillet 2000 de l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mexique a imprimé au commerce franco-mexicain un nouvel élan », a insisté le ministre français, soulignant que tous les grands groupes français ont investi au Mexique, souvent considéré par les multinationales comme une base d'exportation vers les Etats-Unis en bénéficiant du régime de l'Alena. Plus de 600 filiales d'entreprises françaises se sont implantées au sud du Rio Grande, où elles investissent bon an mal an de 500 à 600 millions d'euros chaque année, et où elles emploient 90.000 personnes, pour un chiffre d'affaires de 12 milliards de dollars.
« Près de 6 % des investissements étrangers au Mexique proviennent d'entreprises françaises. Mais cela doit encore augmenter », a précisé Dominique de Villepin. Car, si au total les investissements européens représentent de 30 à 35 % des investissements directs étrangers dans le pays, la part des Américains est toujours d'environ 50 %. Les exportations mexicaines vers la France ont, elles, augmenté de 40 % au cours des six derniers mois, et les importations mexicaines de produits français ont quant à elles crû de 5 % par rapport à l'année dernière, à 1,5 milliard d'euros.
Comme partout dans les grands pays latino-américains, Dominique de Villepin aura également entendu pendant sa visite à Mexico des doléances contre les subventions agricoles européennes. Le ministre français a alors rappelé les efforts européens en la matière, en soulignant la récente réforme de la politique agricole commune, « lors de laquelle ont été trouvées de nouvelles modalités d'administration de l'aide provoquant moins d'effets de distorsion ».

viernes, 4 de julio de 2003

En francés - Sobre las elecciones intermedias de 2003

Mexique la majorité risque d'échapper à Fox

Les Echos n° 18939 du 04 Juillet 2003 • page 8
INTERNATIONAL

MEXIQUE Les élections législatives fédérales, dimanche, risquent de laisser la composition de la Chambre des députés inchangée et de ne pas donner au président la majorité qu'il espérait.

Mexique : la majorité risque d'échapper à Fox

Alors que Vicente Fox fête, cette semaine, les trois ans de sa victoire historique à la présidentielle, les instituts de sondage laissent entrevoir un revers électoral, ce week-end, à l'occasion de législatives jugées capitales pour l'avenir économique du pays. Ses partisans, rassemblés au sein du Parti action nationale (PAN, droite), ne devraient pas obtenir de majorité à la Chambre basse. Selon les dernières enquêtes d'opinion, le PAN et le Parti révolutionnaire institutionnel (centre gauche, qui resta au pouvoir pendant soixante-dix ans) devraient recueillir chacun environ 37 % des suffrages. Aussi, la reconduction à l'identique du Congrès semble l'issue la plus probable du scrutin de dimanche.
Des électeurs sans illusion
Or l'absence de majorité lors de la précédente législature a déjà sérieusement handicapé le gouvernement, incapable de faire voter un bon nombre de réformes. Que ce soit dans le domaine de la fiscalité, du marché de l'emploi ou encore de l'énergie _ autant de secteurs indispensables à la croissance _, les grands projets de modernisation économique et sociale de ce libéral, ancien patron de Coca-Cola Mexique, ont régulièrement été torpillés par un Congrès hostile. Et les trois dernières années de sa présidence pourraient voir ces réformes cantonnées dans une impasse.
Federico Estévez, professeur de sciences politiques à l'Institut technologique autonome du Mexique (Itam), n'attribue pas l'échec annoncé du PAN lors du scrutin de ce week-end à de quelconques erreurs du gouvernement. Le Mexique est certainement le pays d'Amérique latine qui se porte le moins mal (voir ci-dessous) et Vicente Fox jouit toujours d'une forte popularité, avec 60 % de satisfaits, selon les sondages. En fait, « l'électorat mexicain préfère diviser le pouvoir. Il ne veut pas de majorité d'un seul parti ».
Les Mexicains ne s'accordent pas sur un projet politique, et la majorité d'entre eux ne veut pas que les réformes soient mises en oeuvre, juge le politologue. En outre, le système politique mexicain souffre d'un manque de professionnalisme : il est impossible pour les élus de briguer une réélection. D'où l'extrême difficulté, pour certains d'entre eux, de se faire connaître du public.
A ces difficultés s'ajoute le fait que le débat politique n'a passionné ni les électeurs ni les médias. Les Mexicains sont sans illusion face à une corruption généralisée, à une pauvreté qui frappe la moitié d'une population de 100 millions d'habitants et à une insécurité que seule la Colombie surpasse en Amérique latine. La preuve ? nombre d'électeurs déclarent même ne pas être sûrs de la date des élections.
Une campagne « mesquine »
Les instituts de sondage laissent du coup entrevoir un taux d'abstention compris entre 50 % et 60 %, un record absolu pour une élection de cette envergure. « Aucun parti n'a pris cette campagne au sérieux », estime Federico Estévez. Elle a été « partisane et mesquine. Sans principes et sans idées, elle s'est caractérisée par l'absence de véritable programme ou de propositions ».
Ironie du sort, le seul débat qui ait réussi à déchaîner les passions a été celui de la publicité politique. Les partis d'opposition ont en effet demandé le retrait d'une série de messages publicitaires vantant les succès du gouvernement, qu'ils considéraient comme de la propagande à peine déguisée pour le PAN. La présidence a finalement accepté de ne plus diffuser les spots incriminés, pour entreprendre une nouvelle campagne en faveur du vote. Celle-ci a été interdite à son tour par l'Institut fédéral électoral, chargé de veiller au bon déroulement du processus électoral.

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Une économie encore trop dépendante de l'extérieur

Les Echos n° 18939 du 04 Juillet 2003 • page 8
INTERNATIONAL

MEXIQUE Une économie encore trop dépendante de l'extérieur

Les milieux d'affaires mexicains commencent à dénoncer une politique peu créatrice d'emplois et trop dépendante de l'étranger.



Ce n'est pas un hasard si deux personnalités du secteur économique et financier mexicain ont publiquement critiqué, en pleine campagne électorale, la politique économique du gouvernement. Guillermo Ortiz, gouverneur de la banque centrale mexicaine, a récemment déclaré que le gouvernement « dépense peu et dépense mal ». De son côté, Carlos Slim, propriétaire du géant mexicain des télécommunications Telmex et l'homme le plus riche d'Amérique latine selon « Forbes », a encouragé le gouvernement à abandonner la politique d'austérité et à augmenter les investissements productifs et en infrastructure, quitte à accroître le déficit public.
Pas de moteur de relance
Ces déclarations ont pris l'opinion publique et le gouvernement par surprise. Les milieux d'affaires ont été l'un des catalyseurs de la victoire de Vicente Fox à l'élection présidentielle de 2000 et jusqu'à présent les entrepreneurs faisaient partie des plus fervents défenseurs de l'administration. Le fait que certains d'entre eux commencent à remettre en cause la politique économique gouvernementale en dit long sur leur frustration.
Les résultats économiques du pays sont en effet mitigés. La croissance est très faible, même si la chute de régime de l'économie mondiale ne s'est pas traduite par une véritable crise, explique Edna Jaime, directrice du Centre de recherche pour le développement (Cidac). Le président n'a pas eu de chance, reconnaît Francisco Lelo de Larrea, sous-directeur du Centre d'études économiques du secteur privé : la crise américaine affecte directement le pays, qui dépend énormément de l'extérieur. Malgré tout, le gouvernement a su maintenir la stabilité macroéconomique, souligne-t-il.. La politique monétaire et fiscale est responsable, le déficit est contrôlé et la dette extérieure diminue.
En revanche, l'économie mexicaine dispose d'une population active qui augmente de un million à un million et demi de personnes par an. Or les faibles taux de croissance de ces dernières années n'ont pas permis la création d'emplois en nombre suffisant pour couvrir les demandes. Par ailleurs, la dépendance vis-à-vis des marchés extérieurs est un handicap réel, l'économie interne ne disposant pas de moteur de relance, explique Edna Jaime. En outre, les dépenses publiques sont improductives et le gouvernement ne perçoit pas assez d'impôts.
A la moitié du chemin
Or les secteurs qui pourraient attirer des capitaux et relancer le marché domestique ne sont pas ouverts à l'investissement privé, déplorent les économistes. D'où la nécessité de réformes structurelles, comme celles concernant l'énergie électrique ou le pétrole. Le gouvernement a démontré là son inexpérience, estime Lelo de Larrea, en se révélant incapable de susciter un consensus sur les réformes nécessaires. Le Mexique est à la moitié du chemin vers une économie de marché, conclut Edna Jaime. « C'est une économie qui n'a pas encore complètement défini sa vocation. » En d'autres termes, le gouvernement manque d'un véritable projet économique.