lunes, 3 de julio de 2006

En francés - Sobre la incertidumbre tras la eleccion presidencial mexicana

Incertitude totale au Mexique après l'élection présidentielle

La Tribune - édition électronique du 03/07/06 à 16:55

Les Mexicains ont voté dimanche pour élire un nouveau président, mais au lendemain du scrutin, ils ne savent toujours pas qui ils ont choisi. En attendant, les deux favoris de cette élection se sont déjà proclamés vainqueurs...


Au lendemain de l'élection présidentielle mexicaine, le nom du gagnant reste un mystère. Le scrutin s'est avéré tellement serré que les deux candidats favoris, Felipe Calderón du PAN (parti sortant conservateur) et Andrés Manuel López Obrador du PRD (parti de gauche) n'ont pas encore pu être départagés.

L'Institut Fédéral Electoral a annoncé dans la nuit de dimanche à lundi qu'il était impossible de déterminer le gagnant de l'élection présidentielle à partir du programme de résultats électoraux préliminaires, car l'écart de voix entre le premier et le deuxième candidats est plus faible que la marge d'erreur de l'estimation. C'est pourquoi Luis Carlos Ugalde, le président de l'institut, a déclaré que son organisme commencera à partir de mercredi le dépouillement des votes district par district, comme le prévoit la loi. Les résultats devraient être connus dimanche 9 juillet au plus tard. Le nouveau président ne prendra ses fonctions que le 1er décembre.


En attendant, le président de l'autorité électorale a demandé aux deux favoris de s'abstenir de se proclamer vainqueurs. Ceux-ci se sont empressés de faire le contraire. "C'est une manière de faire pression", estime le consultant politique Cosme Ornelas. "A partir du moment où l'autorité électorale ne donne pas de résultat, elle laisse la porte ouverte aux deux candidats pour qu'ils essaient de prendre l'avantage. C'est naturel". Il existe un risque si les deux candidats contestent les résultats définitifs, "mais je crois que le problème va se résoudre", considère-t-il. Une fois que l'Institut Fédéral Electoral annonce les résultats, les candidats peuvent présenter un recours au Tribunal Fédéral Electoral.

Les institutions mexicaines sont donc mises à l'épreuve. Faisant un parallèle avec les Etats-Unis, où les élections de 2000 entre George W. Bush et Al Gore n'avaient pas permis de déclarer un gagnant tout de suite, le commentateur politique Lorenzo Meyer explique: "Là-bas, ils ont deux siècles d'expérience démocratique. Nous n'avons que six ans d'expérience". Lors de l'élection présidentielle de 2000, les électeurs mexicains avaient mis fin à plus de 70 ans de domination du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel). "Il y a des années, nous avions la certitude autoritaire, où nous nous demandions pourquoi nous allions voter, puisque nous savions déjà qui allait gagner", déclare Sergio Aguayo, professeur au Collège du Mexique. "De là, nous sommes passés à l'incertitude démocratique, qui est saine mais inquiétante".

Malgré tout, ces élections ont aussi été accompagnées de quelques certitudes. Tout d'abord, quel que soit le nom qui sortira gagnant du scrutin présidentiel, il devra composer avec un congrès sans majorité. En effet, les élections législatives qui se sont aussi déroulées dimanche ont donné 34% au PAN, 29% au PRD et 28% au PRI. Par ailleurs, le recul du PRI a été confirmé sur tous les fronts: présidentiel, législatif et dans les différents Etats de la République où les électeurs devaient choisir maires et gouverneurs. "Si quelque chose est clair dans ces élections, c'est que nous avons désormais une droite et une gauche, et un PRI qui est dans les limbes idéologiques, où eux-mêmes ne savent pas se placer", conclut Sergio Aguayo.

Laurence Pantin, à Mexico

En francés - Sobre la elección presidencial mexicana

Un nouveau président pour faire émerger le Mexique

La Tribune - édition du 03/07/06


Avec un PIB supérieur à ceux du Brésil et de l'Inde, le Mexique devrait figurer parmi les futurs géants économiques de la planète. Mais la croissance stagne, les gains de productivité sont faibles et les investissements étrangers sont rares. Il appartiendra au nouveau président élu ce matin de relever le défi de l'emploi en libéralisant un marché intérieur encore très protégé.

Les Mexicains se réveillent ce matin en connaissant le nom du président qu'ils ont élu hier. Le scrutin, extrêmement serré, opposait le conservateur Felipe Calderón, du PAN (Parti action nationale), le parti sortant, à Andrés Manuel López Obrador, du PRD (Parti de la révolution démocratique), parti de tendance socialiste. Roberto Madrazo, du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), centriste, avait en effet peu de chances de l'emporter.

Si l'élection présidentielle de 2000 avait déjà marqué la transition, avec la fin de la domination sans partage du PRI pendant soixante et onze ans, celle de 2006, après six ans d'apprentissage démocratique, signe désormais un choix de société. "Le Mexique est un pays traditionnellement divisé du point de vue économique. Alors qu'il ne l'était pas politiquement, il se réorganise maintenant sur ce plan", explique Ciro Murayama, économiste à l'Université nationale autonome du Mexique.

Réformes nécessaires

Dans ces conditions, on pouvait penser que les programmes politiques refléteraient ces clivages idéologiques. En fait, la question de la pauvreté, endémique dans le pays, et son corollaire, celle de l'emploi, se sont imposées d'elles-mêmes - Andrés Manuel López Obrador choisissant comme slogan "le bien de tous, surtout des pauvres", tandis que Felipe Calderón s'auto-proclamait "président de l'emploi".

Mais quelles que soient les recettes qui seront mises en place, elles devront atteindre le même objectif : doper la croissance économique. Car si le pays, habitué aux crises économiques, n'en a pas connu depuis 1994, et notamment pas pendant le mandat de Vicente Fox - ce qui est à mettre à son crédit -, il n'empêche, la croissance du PIB a déçu. Elle n'a atteint qu'une moyenne annuelle de 1 % environ sur les six dernières années, alors que le candidat Fox avait promis une croissance de 6 % à 7 % par an. Pis, les perspectives de croissance restent faibles, surtout si certaines réformes ne sont pas menées à bien. "Le Mexique ne pourra pas atteindre une croissance de plus de 4 % sans s'ouvrir aux investissements et améliorer la productivité et la compétitivité", affirme Pablo Cotler, économiste à l'Université ibéro-américaine à Mexico. Or, c'est justement ce type de croissance forte dont le Mexique aurait besoin, non seulement pour réduire les inégalités sociales, mais aussi pour s'intégrer au groupe des "Bric" (Brésil, Russie, Inde et Chine, autrement dit les prochains poids lourds de l'économie mondiale). Avec un PIB de 637 milliards de dollars, supérieur à celui du Brésil (452 milliards) et à celui de l'Inde (510 milliards) en 2004, le Mexique, douzième économie mondiale, pourrait logiquement prétendre en faire partie.

Freins

Qu'est-ce qui empêche donc le Mexique d'accéder à ce club fermé ? De nombreux freins à la croissance, que le nouveau président devra tenter d'éliminer. Le pays se trouve en effet dans une situation paradoxale. D'un côté, il est très ouvert commercialement - puisque c'est l'État ayant signé le plus de traités commerciaux au monde, et en particulier l'accord de libre-échange de 1994 avec les États-Unis et le Canada. Mais, de l'autre, il reste protégé sur son marché intérieur, où monopoles d'État (tels l'EDF mexicaine et Petróleos de México-Pemex) et monopoles privés (comme Telmex, l'empire des télécoms du multimillionnaire Carlos Slim) dictent les prix. Et le phénomène a la vie dure. Par exemple, même si une relative concurrence s'est maintenant installée dans le secteur financier, les Mexicains payent encore très cher leurs services bancaires.

Autre obstacle : des gains de productivité très faibles (seulement quelques décimales sur les six dernières années) et qui pèsent sur la compétitivité des produits "made in Mexico" à l'international. Ainsi, en 2003, la Chine a ravi au Mexique son statut de deuxième fournisseur des États-Unis. Une Chine qui, en outre, voit les investissements directs étrangers affluer tandis que le Mexique peine à en attirer. De quoi mettre à mal une stratégie économique fondée précisément sur les exportations, notamment grâce aux "maquiladoras", ces usines d'assemblage situées du côté mexicain du rio Grande. De quoi pénaliser sérieusement la création d'emplois également. Et pourtant, le Mexique en a un besoin criant. Plus d'un million de Mexicains arrivent sur le marché du travail tous les ans, alors que l'économie ne génère que 180.000 postes déclarés et 240.000 dans le secteur informel. Pas étonnant que l'émigration soit une solution adoptée par près d'un demi-million de Mexicains chaque année... Pourtant, insistait le candidat de gauche : "Passer la frontière ne doit plus être un destin."

Alliances politiques

Pour rompre avec cette fatalité, le prochain président devra cependant composer avec un Congrès divisé à égalité entre les trois principales forces politiques, s'il veut faire passer des réformes. Pour cela, il aura besoin d'une habileté politique qui a tant fait défaut à Vicente Fox. Et, selon Ciro Murayama, c'est là d'ailleurs que le PRI, même en perte de vitesse actuellement, pourrait retrouver un rôle central, dans un jeu d'alliances devenu indispensable. La classe politique mexicaine sera-t-elle à la hauteur de ce défi ? Si elle ne l'est pas, la société civile, qui a gagné en maturité ces six dernières années, pourrait bien faire entendre sa voix. "Au-delà de l'élection, l'enjeu des six prochaines années consistera à démontrer que nous avons, en tant que société, la capacité d'obliger les partis et le gouvernement à être plus efficaces, conclut Sergio Aguayo, professeur au Collège du Mexique. C'est là le véritable sens de la lutte démocratique."

Laurence Pantin, à Mexico, et Lysiane J. Baudu, envoyée spéciale

En francés - Sobre los limites del modelo maquilador

Les limites du modèle "maquiladoras"

La Tribune - édition du 03/07/06

Les usines d'assemblage tournées vers l'exportation n'ont pas profité à l'industrie nationale. Et la demande intérieure n'est pas assez forte pour prendre le relais.


L'âge d'or des "maquiladoras" touche à sa fin. Lors de la récession américaine de 2001-2003, beaucoup de ces usines d'assemblage installées du côté mexicain de la frontière avec les États-Unis pour profiter de la main-d'oeuvre bon marché avaient plié bagage destination l'Amérique centrale ou l'Asie. Bien que l'activité ait repris une fois le marasme passé, le pays ne peut plus compter sur ce secteur pour créer les emplois dont il a tant besoin. "Ce modèle de développement est épuisé", estime l'économiste Enrique Dussel Peters. Le Mexique ne peut concurrencer des pays comme la Chine sur des produits dont la fabrication repose sur les bas salaires. Certaines villes de province ont donc tenté de se spécialiser dans des produits de plus haute valeur ajoutée, comme c'est le cas à Guadalajara dans le domaine des logiciels informatiques. Mais les exemples de ce type restent des exceptions.

À l'heure du bilan, il semblerait que le Mexique n'ait pas su profiter de la présence des maquiladoras. Alors que celles-ci sont responsables de la hausse des exportations du pays, il ne faut pas oublier que "ces exportations se sont accompagnées d'une forte croissance des importations", selon Juan Carlos Moreno, chercheur à la commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes de l'ONU.

Hausse des importations de composants

L'industrie nationale mexicaine n'a pas pu s'intégrer aux processus productifs des maquiladoras. "Le "made in Mexico” ne représente qu'une infime partie du produit fini qui sort d'une maquiladora", explique Dussel Peters. Rien d'étonnant si l'on observe les avantages offerts aux investisseurs étrangers (exemption du paiement de la TVA, des impôts sur le revenu et des droits de douane pour l'importation de produits de fabrication). Si l'offre de ces privilèges dans le but d'attirer des capitaux était justifiée en 1965, à la naissance du programme de maquiladoras, à la longue, elle explique que l'industrie nationale - qui, elle, doit payer ces charges - ne puisse concurrencer les prix de composants importés et devenir fournisseur des maquiladoras.

Dussel Peters évoque la Chine comme modèle. "Contrairement au Mexique, la Chine a mis en oeuvre de vastes programmes parallèles", offrant des avantages fiscaux aux industries nationales de certains secteurs clés qui investissent en recherche et développement. Pendant ce temps, le Mexique optait pour une politique de retrait de l'État : "La meilleure politique industrielle, c'est de n'en avoir aucune", clamait Herminio Blanco, un économiste plusieurs fois ministre entre 1985 et 2000. Le résultat de cette vision a été une véritable crise du secteur productif. Entre 1988 et 2005, la contribution de la manufacture nationale dans le PIB a baissé de 6 points et, de 2000 à 2005, ce secteur a perdu 16 % de ses emplois.

Finalement, le prochain gouvernement devra essayer de "trouver un autre moteur de développement que le marché externe", suggère l'économiste Ciro Murayama. "L'économie mexicaine ne peut s'en sortir sans le marché intérieur", conclut Juan Carlos Moreno. Or, dans un pays où la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté, il reste encore beaucoup à faire pour que la consommation interne puisse un jour soutenir le développement du pays.

Laurence Pantin, à Mexico

viernes, 31 de marzo de 2006

En francés - Sobre el encuentro México - EU - Canadá en Cancún

Mexico souhaite toujours que Bush régularise les "Chicanos" clandestins

La Tribune - édition du 31/03/06


À quatre mois de la présidentielle, Vincente Fox espère obtenir cette concession du voisin nord-américain pour embellir son bilan. Rien ne dit que Washington y sera favorable


Le thème de l'immigration est au centre de la rencontre qui a débuté hier à Cancun entre le président mexicain Vicente Fox et ses homologues nord-américains, George W. Bush et Stephen Harper. Le sujet s'est naturellement imposé dans les réunions bilatérales des trois chefs d'Etat, à la lueur du débat sur une éventuelle réforme des lois sur l'immigration qui enflamme actuellement le Sénat américain.


Priorité. La possibilité d'un accord sur l'immigration avec les Etats-Unis a été l'une des priorités de la politique extérieure de Fox dès son élection en 2000, mais un tel accord était inenvisageable après les attentats du 11 septembre 2001.

Alors que son mandat s'achève bientôt et que les sondages placent le candidat de son parti en deuxième position pour l'élection présidentielle de juillet, l'annonce d'une réforme sur l'immigration, qui légaliserait les 11 millions de sans-papiers résidant actuellement aux États-Unis (dont 57 à 58 % sont mexicains) et créerait un vaste programme de visas de travail temporaires, serait une aubaine pour Fox.

Mais, pour gagner le gros lot, le Mexique devra faire des concessions, estime Luis Rubio, président du Centre de recherche pour le développement. Outre le contrôle déjà mis en place à la frontière sud pour empêcher l'entrée illégale de ressortissants d'Amérique centrale et du Sud se dirigeant vers les États-Unis, le pays devra certainement s'engager à contrôler aussi la sortie illégale de ses propres citoyens à la frontière nord. "Cela risque d'être politiquement compliqué", conclut le politologue.

Aujourd'hui, de façon légale ou illégale, 18 % de la main-d'oeuvre mexicaine travaille aux États-Unis et les remises de fonds que les émigrés envoient à leur famille restée au pays ont atteint près de 21 milliards de dollars en 2005, soit 3 % du PIB. "Les banques de développement estiment que seulement 10 à 12 % de ces sommes sont investies dans des projets productifs", explique Jorge Durand, professeur à l'Université de Guadalajara, le reste étant dépensé en produits de consommation courante par les familles réceptrices.

D'autre part, selon une étude à laquelle a participé Agustin Escobar, du Centre de recherche et d'études supérieures en anthropologie sociale, la plupart des Mexicains qui émigrent vers le pays voisin avaient un emploi au Mexique avant de partir. "Les États-Unis ne sont pas en train d'absorber notre cohorte de chômeurs", conclut-il. "La question à se poser, c'est si l'émigration massive vers les États-Unis convient vraiment au Mexique."

Finalement, alors que l'accord de libre-échange nord-américain devait créer des emplois au Mexique et donc réduire l'émigration, en fait, c'est l'inverse qui s'est produit, car "le gouvernement mexicain n'a absolument rien fait pour convertir l'accord en un tremplin de développement", reconnaît Rubio. "L'émigration a permis qu'aucune décision ne soit prise dans le but de créer des emplois à long terme."

Laurence Pantin, à Mexico

jueves, 23 de marzo de 2006

En francés - Cobertura del Foro Mundial del Agua en México

Gestion de l'eau : pour des états plus responsables

La Tribune - édition du 22/03/06

Le président du conseil mondial de l'eau, Loïc Fauchon, préconise de nouvelles modalités de partenariat public- privé sont préconisées pour les pays en développement.


"Non à la privatisation de l'eau !" Tel est le mot d'ordre des groupes opposés au IVe Forum mondial de l'eau qui se tient jusqu'à aujourd'hui à Mexico. "Les organismes internationaux comme le FMI et la Banque mondiale doivent arrêter de prôner la réduction de la participation publique et l'augmentation de celle du secteur privé", dans les domaines des droits sociaux fondamentaux comme celui de l'eau, estime Pedro Arrojo, président de la Fondation nouvelle culture de l'eau.

Mais la remise en question de la propriété publique des ressources en eau n'est pas à l'ordre du jour, rectifie Loïc Fauchon qui vient d'être réélu président du Conseil mondial de l'eau. Il rappelle qu'il n'existe actuellement qu'un seul pays au monde (le Chili) qui ait effectivement privatisé son secteur de l'eau. Par ailleurs, la participation des entreprises privées à la gestion de l'eau dans le monde n'est que très limitée, ne dépassant pas les 8 %.

Dans ce domaine, la France est exemplaire, puisque le pays a mis en place un système décentralisé où les collectivités locales peuvent décider si elles préfèrent former une régie publique ou un partenariat public-privé (PPP). "Le modèle français de l'eau est admiré dans le monde", affirme Loïc Fauchon.

Exemplarité de la France. À la lueur d'échecs comme celui du groupe Suez en Argentine, qui a décidé de se désengager après la dévaluation qui a ôté toute rentabilité à son contrat de concession, il semblerait que ce soit justement ce modèle français de gestion de l'eau qui soit battu en brèche. Loïc Fauchon reconnaît que les concessions ne peuvent fonctionner que dans des pays riches ou à forte croissance. Mais pour Pedro Arrojo, le problème des concessions est qu'elles "transforment les citoyens en clients". Dans cette perspective, ceux qui n'ont pas les moyens de payer leur accès à l'eau perdent en fait leur citoyenneté. Mais le problème ne vient pas tant des entreprises, dont le but est de faire des bénéfices, que des gouvernements locaux qui abandonnent leur rôle de régulation, estime-t-il. "L'État peut déléguer une fonction, mais pas une responsabilité", résume Alexandre Braïlowsky, directeur du développement durable d'Aguas Argentinas (groupe Suez).

Loïc Fauchon préconise donc l'invention de nouvelles modalités de PPP pour les pays en développement. La clé du succès ? Que les gouvernements améliorent leurs compétences en matière de gestion de l'eau.

Laurence Pantin, à Mexico

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Nouvelles pistes de financement

La Tribune - édition du 22/03/06


15 à 30 milliards de dollars par an : c'est, selon Angel Gurría, secrétaire général désigné de l'OCDE, le montant des investissements annuels à consentir pour réduire de moitié le 1,2 milliard de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable, ainsi que les 2,6 millions de personnes n'ayant pas de système d'assainissement de base.

Le plus gros effort est à faire dans les pays émergents, où la situation est la plus grave et où les schémas de financement existants ont montré leurs limites. Tout d'abord, "le grand rêve des années 90 a été de se dire que l'eau était un service marchand, et les opérateurs privés devaient donc pouvoir, avec une gestion efficace et une tarification adaptée, amener des financements", déclare Alexis Bonnel, responsable de la division infrastructures de l'Agence française de développement. Aujourd'hui, "tant les partenaires privés que les agences de développement sont d'accord pour dire que le financement privé n'est pas une solution au problème", conclut-il.

D'autre part, les déboires de Suez en Argentine ont prouvé que, publics ou privés, les opérateurs doivent éviter d'investir à partir d'emprunts en monnaie forte s'ils sont payés en monnaie locale. C'est pourquoi, "les financements doivent être des dons ou bien des prêts en monnaie locale", explique Dominique Pin, directeur général délégué des relations institutionnelles de Suez Environnement. "Si ce sont des prêts en monnaie forte, il faut qu'il y ait une couverture du risque de change qui soit apportée par un organisme extérieur."

Mais, surtout, dans les nombreux pays, comme la France, où les services de l'eau relèvent des collectivités locales, il est nécessaire de trouver des financements adaptés, souligne Angel Gurría. Pour cela, les gouvernements nationaux doivent aider les collectivités locales à trouver des fonds et les organismes financiers internationaux doivent leur offrir des prêts.

Paiement par les usagers. Enfin, une réflexion sur le paiement par les usagers est indispensable. "On peut comprendre qu'un gouvernement souhaite maintenir ses niveaux tarifaires en dessous de l'équilibre financier", conclut Alexis Bonnel. Mais "quelqu'un doit payer la note". Donc, la tarification des services d'eau est nécessaire, même si celle-ci peut inclure des subventions croisées. Par exemple, au Chili comme en France, les plus riches paient les factures des plus pauvres, alors qu'au Maroc, les excédents du service d'électricité subventionnent le service d'eau.

L. P., à Mexico



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Le droit à l'eau ne fait pas encore l'unanimité au Forum mondial de Mexico

Edition papier - Paru le 23/03/06 - 580 mots


Reconnu comme fondamental par la majorité des pays présents à cette 4e rencontre, ce droit ne figure pas dans la déclaration finale, après le refus des États-Unis. La nécessité d'octroyer une valeur marchande à l'eau fait consensus.

Le droit à l'eau a été reconnu comme fondamental par la majorité des pays présents au IVe Forum mondial de l'eau à Mexico, malgré le refus de certains, comme les États-Unis, d'inclure un tel droit dans la déclaration ministérielle finale publiée hier, qui ne fait que réaffirmer des engagements déjà pris auparavant. Outre les pays comme la France, l'Espagne et le Mexique, les représentants des collectivités locales, des parlementaires et des entreprises du secteur de l'eau se sont associés à cette reconnaissance, en soulignant qu'il s'agit désormais de "rendre ce droit effectif", comme l'a déclaré la ministre française de l'Écologie et du Développement durable, Nelly Olin.

Financements multiples. Mais l'affirmation du droit à l'accès à l'eau ne signifie pas que l'eau doit être gratuite pour tous. Longtemps taboue, la question de la valeur marchande de l'eau est désormais d'actualité et rares sont ceux qui défendent la gratuité. "Si on veut donner un service de qualité et éviter un gaspillage de l'eau, il faudra donner une valeur à l'eau", signale Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement. Pour autant, le forum a évité de s'engager sur des questions telles qu'un marché mondial de l'eau, comme c'est le cas par exemple pour les matières premières.

Les acteurs réunis lors du forum sont également d'accord pour reconnaître que le paiement de l'eau par les usagers n'est qu'un des éléments du financement des infrastructures nécessaires dans le domaine. L'aide publique au développement, les budgets publics et les prêts de banques commerciales ou de développement doivent tous être mobilisés pour aider non seulement les pays émergents, mais aussi leurs collectivités locales à financer les infrastructures nécessaires.

Une initiative française de solidarité décentralisée, autorisant les collectivités locales à attribuer de façon volontaire jusqu'à 1 % de leur budget consacré à l'eau à la coopération internationale dans ce domaine, a d'ailleurs retenu l'attention d'Angel Gurría, secrétaire général désigné de l'OCDE, qui a déclaré souhaiter qu'elle s'étende à d'autres pays.

Finalement, avec 11.000 participants, de l'avis de tous, le 4e Forum mondial a été plus constructif que les précédents. "C'est la première fois que nous avons la totalité de la communauté internationale de l'eau autour de la table", se félicite Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, évoquant particulièrement la participation des collectivités locales. "Les collectivités locales sont celles qui prennent en charge l'eau potable et l'assainissement de façon institutionnelle ou parce ce que ce niveau d'administration est proche des populations", souligne Gérard Payen, président d'Aquafed, la fédération internationale des opérateurs privés d'eau. "Donc, ils connaissent le problème" et il ne faut pas sous-estimer leur rôle.

Le débat a aussi porté sur l'expertise. "Il y a une crise de l'eau. Mais la raison n'en est pas l'épuisement des réserves d'eau, sinon la gouvernance", conclut András Szöllösi-Nagy, secrétaire du programme hydrologique international de l'Unesco.

Laurence Pantin, à Mexico

miércoles, 22 de febrero de 2006

En francés - Sobre el débil crecimiento económico mexicano

La croissance mexicaine perd son souffle

La Tribune
Le 22/02/2006


Le président Fox n'a pas tenu ses promesses de réduire les inégalités. Ce bilan pèsera sur l'élection présidentielle prévue dans cinq mois.


Après de bons résultats en 2004, avec un taux de croissance de 4,2 %, l'économie mexicaine patine. Selon les chiffres que vient de publier l'Institut national de statistiques, la croissance aurait atteint seulement 3 % en 2005. cinq mois de la prochaine élection présidentielle, ces résultats quelque peu décevants, bien qu'attendus, confirment le bilan mitigé de la politique économique du gouvernement de Vicente Fox.

Alors que l'une de ses promesses de campagne était d'atteindre 7 % de croissance par an, les analystes prévoient que la croissance moyenne annuelle du mandat de Fox (2000-2006) ne dépassera par 2,5 %. Or, ce taux de croissance n'est pas "suffisamment élevé pour rompre les chaînes du sous-développement et de la pauvreté qui emprisonnent encore la majorité de la population", explique Juan Ernesto Pardinas, économiste au Centre de recherche pour le développement. Le PIB par habitant a très peu progressé depuis vingt-cinq ans, avec une croissance moyenne de 0,6 par an.

Marché du travail. D'autre part, bien que le ministre de l'Économie, Sergio García de Alba, se soit récemment félicité de la progression de l'emploi malgré la faible croissance, les 600.000 postes créés en 2005 sont insuffisants pour répondre aux besoins de 1,1 million de jeunes arrivant sur le marché du travail tous les ans.

Bien entendu, la faible croissance de l'année dernière est due en partie à des facteurs exogènes. Elle s'explique tout d'abord par la contraction du secteur primaire (- 1,5 %), touché par le passage des ouragans Stan et Wilma. Par ailleurs, la perte de dynamisme de l'économie américaine a directement affecté le secteur industriel, dont la croissance n'a été que de 1,6 % en 2005, contre 4,2 % l'année précédente, en toute logique puisque plus de 80 % des exportations du pays ont pour destination les États-Unis. Le Mexique n'a donc pas réussi à diversifier son commerce extérieur, bien que le pays détienne le record mondial du nombre d'accords de libre-échange signés.

Mais de l'avis de tous, les véritables raisons de la faible croissance sont internes. Les coûts de production (gaz naturel, électricité, télécommunications) et les taux d'intérêt offerts au secteur productif sont trop élevés. Le pays ne peut espérer croître plus rapidement s'il ne met pas en place des réformes structurelles dans les domaines fiscal, énergétique et du travail, estime Francisco Lelo, sous-directeur de recherche économique pour le Conseil coordinateur patronal.

Laurence Pantin, à Mexico

sábado, 21 de enero de 2006

Reportaje sobre los asesinatos en Ciudad Juárez




Ciudad Juárez, donde ser mujer significa jugarse la vida

Yo Dona - El Mundo
21 de Enero de 2006

Por Laurence Pantin - Fotos Maya Goded

Su nombre es sinónimo de muerte. Desde 1993, más de 300 mujeres han sido asesinadas en la localidad mexicana. Este fin de semana, se celebra un macroconcierto en la capital del país para exigir una ley que frene esos crímenes impunes.


En una calle sin pavimentar en las afueras de Ciudad Juárez, a orillas ya del desierto, el polvo envuelve una pequeña construcción de madera y cemento. Una tela descolorida hace las veces de puerta. De aquí salió María Elena Chávez, de 16 años, una mañana de junio de 2000 para ir a trabajar. “Desde ese día, ya no supimos nada de ella”, dice su hermana, Brenda, de 18. En octubre la encontraron muerta. A María Elena le hicieron “lo que le hacen a todas”, cuenta Brenda. “Las violan y las matan. Aquí como que se está haciendo una costumbre.”

En Ciudad Juárez, en la frontera del estado mexicano de Chihuahua con Texas, hace más de una década que las mujeres desaparecen para luego ser halladas sin vida, ultrajadas, torturadas, y sus cuerpos abandonados en terrenos baldíos, sin que el Gobierno haya logrado ni atrapar a los culpables ni detener los crímenes. Lo cuenta la escritora Maud Tabachnik en su última novela, He visto el diablo de frente (Ed. Artime), y lo denuncia este 21 de enero un macroconcierto en la capital mexicana organizado, entre otros, por Cristina del Valle, de la Plataforma Española de Mujeres Artistas Contra la Violencia de Género.

Desde 1993 hasta la fecha, han sido asesinadas 374 mujeres y siguen desaparecidas cerca de 35, según la Procuraduría (Fiscalía) General de Justicia de este estado. Ahora bien, no existe certeza en torno a las cifras. Para Amnistía Internacional, solamente entre 1993 y 2003 habían muerto 370 mujeres y 85 continuaban desaparecidas. Victoria Caraveo, defensora de algunas madres y ex directora del Instituto Chihuahuense de la Mujer, asegura que se debe diferenciar entre los homicidios por atropello, por asalto o por violencia familiar y los 114 asesinatos en serie. Si no se hace, asevera, las autoridades afirman que el 80% de los crímenes ha quedado resuelto. “Y sí, lo están, pero los comunes, no los en serie.” De hecho, por estos últimos, sólo hay un culpable condenado. Pero algunas ONG, como Justicia para Nuestras Hijas, consideran que la distinción no es más que una estrategia para minimizar el problema. Afirman que todos estos delitos caen bajo lo que se conoce como feminicidio, un “genocidio de mujeres”, en palabras de la antropóloga Marcela Lagarde, “en el que concurren daños contra ellas realizados por conocidos y desconocidos, por violentos, violadores y asesinos individuales, y por grupos, ocasionales o profesionales, que conducen a algunas víctimas a una muerte cruel.” Tal fenómeno es posible cuando el Estado deja de garantizar la seguridad de buena parte de la población, en concreto, la de sexo femenino.

La mayoría de las desaparecidas, aparte de compartir ciertos rasgos—como ser jóvenes, guapas y delgadas—, pertenecen a las clases más humildes. Además de un feminicidio, estos asesinatos son un auténtico paupericidio. Si bien Ciudad Juárez ha crecido mucho, la mayoría de sus habitantes aún vive en la extrema pobreza. El desarrollo de Ciudad Juárez se debe a la llegada, a partir de1965, de las maquilas, fábricas extranjeras que recurren a la barata mano de obra local, especialmente de las mujeres. Se estima que, aproximadamente, llegan a la ciudad 300 personas al día y “no hay vivienda para ellas”, explica Esther Chávez Cano, directora de Casa Amiga, un centro de apoyo a las víctimas de la violencia. “Así es que se asientan en el desierto. No tienen otra alternativa más que la supervivencia.”

Pero para las mujeres de Juárez sobrevivir es cuestión de fortuna. Casi todas las asesinadas son obreras de las maquilas, empleadas de tiendas o estudiantes. Los asesinos las escogen “porque no tienen medios para defenderse. A las ricas, nunca les hacen nada, porque saben que no pueden meterse con el dinero”, afirma Patricia Cervantes, cuya hija de 20 años, Neyra Azucena, murió en 2003 en la capital del Estado, Chihuahua. Allí también, desde el año 2001, se han registrado unos 20 homicidios parecidos a los de Juárez. Y tampoco se ha dado con los culpables ni se han aclarado sus circunstancias.

La implicación de las autoridades

Se han barajado varias explicaciones, entre ellas el tráfico de órganos, la prostitución, la trata de blancas, la grabación de películas snuff, la práctica de ritos satánicos y la actuación de maniacos sexuales. El narcotráfico, cuya presencia en la ciudad es de notoriedad pública, también ha sido señalado como una posible causa. Pero, por ahora, lo único que tienen claro los familiares es el papel que los funcionarios, y la policía en particular, desempeña. “O las autoridades conocen a los culpables y reciben dinero de ellos, o son ellos mismos”, declara María Esther Luna Hernández, cuya hija Brenda Esther Alfaro, de 15 años, fue asesinada en 1997. De hecho, en dos informes presentados en 2004 por la entonces fiscal especial, María López Urbina, se publicaron los nombres de 130 funcionarios y ex funcionarios a quienes acusaba de negligencia u omisión. Por desgracia, “tardaron más en dar a conocer a los involucrados que en exonerarlos,” lamenta Silvia Solís, del Comité de la Campaña contra el Feminicidio y la Impunidad en Ciudad Juárez y Chihuahua.

En muchas ocaciones, la policía estigmatiza a las víctimas. Cuando Hortensia Enríquez fue a denunciar en Chihuahua la desaparición de su hija Erika Noemí Carrillo en diciembre de 2000, los agentes le dijeron lo mismo que a las demás madres: que su niña se habría ido con un chico y volvería algún día con un bebé. Pero Erika Noemí, que trabajaba para pagarse su licenciatura en Ingeniería de Sistemas, nunca regresó. “Fui a la Procuraduría y les llevé sus calificaciones de la escuela, todo 9 y 10”, relata Hortensia. “Para que no anduvieran contando que era una muchachita desintegrada del hogar.”

Además, los expedientes están plagados de contradicciones. Erika Ivon Ruiz Zavala desapareció en Chihuahua en 2001 y fue encontrada por su madre –semienterrada en el cementerio del vecindario— seis días más tarde. La policía concluyó que la causa de su muerte fue una sobredosis. Sin embargo, su propio informe incluye el dictamen del forense, que indica que no se pudo determinar si hubo sobredosis y no menciona los múltiples navajazos que aparecían en el cuerpo. De ahí que el delito que intenta esclarecer el expediente de Erika no sea un homicidio, sino una inhumación clandestina.

Falsos acusados

No es raro, incluso, que la identificación de los cuerpos sea deficiente, lo que deja a los allegados sumidos en la incertidumbre. Por ejemplo, en el caso de Neyra Azucena, la hija de Patricia Cervantes, un experto independiente determinó que, por el tamaño del maxilar inferior y de los dientes, el cráneo del cadáver no podía ser el de una joven de su edad, 20 años. Sin embargo, unos estudios de ADN efectuados por la Procuraduría General en 2004 establecían que los restos eran los de Neyra.

Por si esto fuera poco, cuando la familia pide justicia de manera demasiado insistente para el gusto de las autoridades, éstas buscan a los culpables en sus propios miembros. Inventándolos si hace falta. Tres días después de la desaparición de Neyra Azucena, su primo David Meza viajó desde Chiapas hasta Juárez para ayudar en la búsqueda. Cuando la policía encontró los restos de Neyra tres meses después, detuvo a David y lo torturó hasta que firmó una confesión. Lleva dos años en la cárcel, sin ser sentenciado y clamando por su inocencia. “Lo que más me gustaría es que se hiciera justicia a Neyra”, declara David en una entrevista telefónica.

Las asociaciones de familiares y varias ONG han intentado llamar la atención de la opinión pública internacional para exigir al Gobierno mexicano que ponga fin a esta situación. Sin embargo, hasta ahora, sus respuestas han sido actos de simulación, según la experta Silvia Solís, porque, si bien se ha creado una comisión y una Fiscalía especial, no se les han otorgado las atribuciones ni los recursos necesarios. Por lo pronto, el nuevo subprocurador de Derechos Humanos y Atención a Víctimas del Delito, Arturo Licón, reconoce que ha habido negligencias. Va a reabrir varios expedientes y, por lo que respecta a los funcionarios acusados en 2004, “en algunos casos se determinará una responsabilidad administrativa”, explica. “En otros, estamos esperando elementos para establecer una eventual responsabilidad de orden penal.”

Mientras, el único deseo que tiene la mayoría de las familias es que se reanuden las investigaciones para saber qué pasó con sus hijas. Una buena noticia es la contratación, con financiación del Gobierno de Chihuahua, EEUU y Canadá, de un equipo de antropólogas forenses argentinas. No sólo podrían determinar las razones del fallecimiento, sino también dar un nombre, mediante pruebas de ADN, a los cuerpos cuya identidad es dudosa, como la de al menos 50 cadáveres que permanecen en las instalaciones de la Procuraduría General de Justicia del Estado. Aunque suene paradójico, esto podría aliviar el sufrimiento de los padres. “Siento en mi corazón que Erika no vive”, revela Hortensia Enríquez, “pero aún la sigo esperando. Un resultado, sea bueno, sea malo... Yo, lo que quiero es saber dónde está”.