viernes, 28 de mayo de 2004

En francés - Entrevista con Vicente Fox

Vicente Fox : une stratégie tenant compte des intérêts de chacun

Les Echos n° 19168 du 28 Mai 2004 • page 6

Le président mexicain tire un bilan positif de l'accord passé en 1997 entre son pays et l'UE, car Bruxelles a pris en compte la différence du niveau de développement entre les deux signataires.

DE NOTRE CORRESPONDANTE À MEXICO.

Le sommet de Guadalajara représente sans aucun doute une opportunité pour les Européens de prendre de vitesse les Américains en s'implantant sur un marché de 530 millions d'acheteurs potentiels. « Il s'agit d'une stratégie réciproque » tenant compte des intérêts de chacun, a expliqué aux « Echos » et à un petit groupe de journalistes le président mexicain, Vicente Fox, car les pays latino-américains sont intéressés par les possibilités qu'offrent le marché européen élargi et ses 450 millions d'habitants. Ce sommet « va être avantageux pour les Européens, sans aucun doute. Mais il va être favorable de la même manière à l'Amérique latine. Il y a des marchés pour tous. Les Etats-Unis ne vont pas être menacés. Ils ont leurs propres marchés et leurs propres relations », estime le chef de l'Etat mexicain.

L'une des priorités pour les pays de la région consiste justement à éviter de trop dépendre de la première économie mondiale voisine. Et, dans ce domaine, le Mexique fait figure de pionnier en étant actuellement l'un des Etats comptant le plus d'accords commerciaux au monde. Fervent partisan de l'ouverture de l'économie de son pays, Vincente Fox considère qu'« il faut éliminer toutes les barrières, tous les obstacles, toutes les subventions, surtout dans la branche agricole. Il faut que les marchés s'ouvrent largement et les résultats seront positifs pour tout le monde. »

« Asymétries »

Exemple de cette stratégie : l'accord d'association économique, de concertation politique et de coopération que le Mexique a signé avec l'Union européenne en 1997, dont Fox dresse un bilan positif. L'avantage de l'accord européen sur l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) réside dans son caractère global et non strictement commercial. « Il y a une différence très claire entre les deux puisque, dans le cas de l'Union européenne, celle-ci a accepté les asymétries. Elle a pris en compte la différence de niveaux de développement entre les pays européens et le Mexique, ce qui est favorable au Mexique. Nous avons beaucoup apprécié cette concession. »

Sur le plan des résultats, « malgré trois ans de récession économique, dans le cas des relations Mexique-Union européenne, les exportations n'ont cessé de croître. Dans l'ensemble, elles ont augmenté de plus de 25 % en trois ans, alors que les échanges avec le reste du monde n'ont pas progressé », souligne Fox. Cependant, si ce bilan est positif en termes de croissance, il n'en reste pas moins limité, puisque les échanges commerciaux que le Mexique réalise actuellement avec les pays européens représentent moins de 10 % de son commerce extérieur, loin derrière les 75 % qu'atteignent les échanges avec les Etats-Unis.

Le fait que l'Union européenne puisse conclure bientôt les négociations d'un accord similaire avec le Mercosur pourrait même représenter un inconvénient pour le Mexique, qui risque de se trouver supplanté dans son rôle de leader économique de la région par le Brésil.


LAURENCE PANTIN


http://archives.lesechos.fr/archives/2004/LesEchos/19168-36-ECH.htm?texte=Laurence Pantin