lunes, 1 de diciembre de 2003

En francés - Sobre la posibilidad de una reforma energética

Une réforme énergétique devenue urgente

Les Echos n° 19042 du 01 Decembre 2003 • page 8

Malgré d'importantes ressources, le Mexique est confronté au manque d'investissement dans le secteur énergétique.

Le secteur énergétique mexicain vit un paradoxe. Le pays est l'un des dix premiers producteurs et exportateurs mondiaux de pétrole brut, vendant à l'étranger plus de 1,6 million de barils par jour. Or, dans le même temps, il importe quotidiennement près de 243.000 barils de produits raffinés. De plus, alors que le Mexique jouit d'importantes réserves de gaz naturel (1.700 milliards de mètres cubes de réserves prouvées), il doit compter sur l'extérieur pour couvrir un tiers de sa demande interne. La carence d'investissements caractérise l'ensemble du secteur énergétique, qui dépend de l'Etat, par l'intermédiaire de deux établissements publics, Pemex (pour le pétrole et le gaz naturel) et la CFE (pour l'électricité). Alors que plus de 70 % des revenus de Pemex sont reversés au fisc (couvrant ainsi un tiers du budget de l'Etat), chacun comprend mieux que l'entreprise manque de ressources propres pour financer ses investissements. D'où la nécessité de modifier la Constitution afin d'ouvrir clairement le secteur aux investissements privés, estime Eduardo Andrade, président de l'Association Mexicaine d'Energie Electrique. Le ministère de l'Energie évalue les besoins pour les cinq prochaines années à près de 110 milliards de dollars : 40 milliards dans les hydrocarbures, 25 dans le raffinage et la pétrochimie de base, 20 dans le gaz naturel et 25 dans l'électricité.
Tous les acteurs politiques et économiques reconnaissent donc que la situation du secteur est critique. Mais s'il y a consensus autour de l'urgence de la réforme, les divergences sur son contenu ont empêché jusqu'à présent sa matérialisation. La nomination d'un nouveau ministre de l'Energie, bien accueillie par les parlementaires, pourrait débloquer la situation. Reste à voir quelle sera l'envergure d'une réforme qui devra nécessairement faire consensus, le parti au gouvernement ne disposant pas d'une majorité législative.

LAURENCE PANTIN

http://archives.lesechos.fr/archives/2003/LesEchos/19042-55-ECH.htm?texte=Laurence Pantin

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Le gouvernement mexicain pris entre deux feux

Les Echos n° 19042 du 01 Decembre 2003 • page 8

Malgré la pluie, entre 80.000 et 200000 personnes selon les estimations ont défilé dans les rues de la capitale mexicaine jeudi, bloquant le centre de la ville. Clamant que « la patrie n'est pas à vendre », les manifestants ont répondu à la convocation d'organisations syndicales et paysannes, de mouvements étudiants, d'ONG et de partis d'opposition pour protester contre le projet de réforme électrique du gouvernement. Celui-ci propose de modifier la Constitution pour permettre l'exploitation de ressources naturelles par des investisseurs privés, ce que les opposants considèrent une forme déguisée de privatisation (voir ci-dessous). « Il semblerait que c'était surtout une manifestation contre le gouvernement », estime Diego Reynoso, chercheur en sciences politiques à la Faculté latino-américaine de sciences sociales. Pour autant, le mandat du président n'est pas menacé. Contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, où des manifestations populaires ont pu forcer le président à démissionner, comme en Bolivie, « les Mexicains ont beaucoup de respect pour leurs institutions ».

Le patronat au créneau
Simultanément, les organisations patronales sont montées au créneau pour condamner les manifestations et rappeler l'urgence des réformes pour faire redémarrer la croissance. La réaction des marchés financiers face à l'incertitude qui règne ne s'est pas fait attendre. Le taux de change du peso par rapport au dollar, qui n'a pratiquement pas cessé de baisser depuis début novembre, a atteint des niveaux record vendredi, tombant à 11,40 pesos, contre 11,34 la veille.

N'ayant pas obtenu de majorité au Parlement lors des élections législatives de juillet, l'équipe de Fox n'a pas su construire l'union nationale nécessaire pour débloquer la situation. De son côté, le principal parti d'opposition, le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), est en train de vivre l'un des pires moments de son histoire, en proie à une crise qui menace de s'achever en scission. Voyant la possibilité de regagner la présidence aux prochaines élections de 2006, certains députés du PRI ont offert leur soutien à la réforme fiscale du président, qui pourrait relancer l'activité économique et donnerait une plus large marge de manoeuvre au prochain gouvernement. Mais le reste du parti ne tient pas à endosser le coût politique que représenterait le passage d'une réforme des impôts qui toucherait de plein fouet les couches les plus démunies de la population (dont la moitié vit dans la pauvreté). Ces derniers se sont insurgés contre Elba Esther Gordillo, le président de leur groupe à l'Assemblée et le plus fervent partisan de la collaboration avec le gouvernement, réclamant sa démission.

Or, sans le PRI, Fox a les mains liées puisque le deuxième parti d'opposition, le Parti de la révolution démocratique (PRD), qui contrôle 20 % des sièges à l'Assemblée, s'oppose férocement aux réformes.


LAURENCE PANTIN

http://archives.lesechos.fr/archives/2003/LesEchos/19042-51-ECH.htm?texte=Laurence Pantin