viernes, 31 de marzo de 2006

En francés - Sobre el encuentro México - EU - Canadá en Cancún

Mexico souhaite toujours que Bush régularise les "Chicanos" clandestins

La Tribune - édition du 31/03/06


À quatre mois de la présidentielle, Vincente Fox espère obtenir cette concession du voisin nord-américain pour embellir son bilan. Rien ne dit que Washington y sera favorable


Le thème de l'immigration est au centre de la rencontre qui a débuté hier à Cancun entre le président mexicain Vicente Fox et ses homologues nord-américains, George W. Bush et Stephen Harper. Le sujet s'est naturellement imposé dans les réunions bilatérales des trois chefs d'Etat, à la lueur du débat sur une éventuelle réforme des lois sur l'immigration qui enflamme actuellement le Sénat américain.


Priorité. La possibilité d'un accord sur l'immigration avec les Etats-Unis a été l'une des priorités de la politique extérieure de Fox dès son élection en 2000, mais un tel accord était inenvisageable après les attentats du 11 septembre 2001.

Alors que son mandat s'achève bientôt et que les sondages placent le candidat de son parti en deuxième position pour l'élection présidentielle de juillet, l'annonce d'une réforme sur l'immigration, qui légaliserait les 11 millions de sans-papiers résidant actuellement aux États-Unis (dont 57 à 58 % sont mexicains) et créerait un vaste programme de visas de travail temporaires, serait une aubaine pour Fox.

Mais, pour gagner le gros lot, le Mexique devra faire des concessions, estime Luis Rubio, président du Centre de recherche pour le développement. Outre le contrôle déjà mis en place à la frontière sud pour empêcher l'entrée illégale de ressortissants d'Amérique centrale et du Sud se dirigeant vers les États-Unis, le pays devra certainement s'engager à contrôler aussi la sortie illégale de ses propres citoyens à la frontière nord. "Cela risque d'être politiquement compliqué", conclut le politologue.

Aujourd'hui, de façon légale ou illégale, 18 % de la main-d'oeuvre mexicaine travaille aux États-Unis et les remises de fonds que les émigrés envoient à leur famille restée au pays ont atteint près de 21 milliards de dollars en 2005, soit 3 % du PIB. "Les banques de développement estiment que seulement 10 à 12 % de ces sommes sont investies dans des projets productifs", explique Jorge Durand, professeur à l'Université de Guadalajara, le reste étant dépensé en produits de consommation courante par les familles réceptrices.

D'autre part, selon une étude à laquelle a participé Agustin Escobar, du Centre de recherche et d'études supérieures en anthropologie sociale, la plupart des Mexicains qui émigrent vers le pays voisin avaient un emploi au Mexique avant de partir. "Les États-Unis ne sont pas en train d'absorber notre cohorte de chômeurs", conclut-il. "La question à se poser, c'est si l'émigration massive vers les États-Unis convient vraiment au Mexique."

Finalement, alors que l'accord de libre-échange nord-américain devait créer des emplois au Mexique et donc réduire l'émigration, en fait, c'est l'inverse qui s'est produit, car "le gouvernement mexicain n'a absolument rien fait pour convertir l'accord en un tremplin de développement", reconnaît Rubio. "L'émigration a permis qu'aucune décision ne soit prise dans le but de créer des emplois à long terme."

Laurence Pantin, à Mexico

jueves, 23 de marzo de 2006

En francés - Cobertura del Foro Mundial del Agua en México

Gestion de l'eau : pour des états plus responsables

La Tribune - édition du 22/03/06

Le président du conseil mondial de l'eau, Loïc Fauchon, préconise de nouvelles modalités de partenariat public- privé sont préconisées pour les pays en développement.


"Non à la privatisation de l'eau !" Tel est le mot d'ordre des groupes opposés au IVe Forum mondial de l'eau qui se tient jusqu'à aujourd'hui à Mexico. "Les organismes internationaux comme le FMI et la Banque mondiale doivent arrêter de prôner la réduction de la participation publique et l'augmentation de celle du secteur privé", dans les domaines des droits sociaux fondamentaux comme celui de l'eau, estime Pedro Arrojo, président de la Fondation nouvelle culture de l'eau.

Mais la remise en question de la propriété publique des ressources en eau n'est pas à l'ordre du jour, rectifie Loïc Fauchon qui vient d'être réélu président du Conseil mondial de l'eau. Il rappelle qu'il n'existe actuellement qu'un seul pays au monde (le Chili) qui ait effectivement privatisé son secteur de l'eau. Par ailleurs, la participation des entreprises privées à la gestion de l'eau dans le monde n'est que très limitée, ne dépassant pas les 8 %.

Dans ce domaine, la France est exemplaire, puisque le pays a mis en place un système décentralisé où les collectivités locales peuvent décider si elles préfèrent former une régie publique ou un partenariat public-privé (PPP). "Le modèle français de l'eau est admiré dans le monde", affirme Loïc Fauchon.

Exemplarité de la France. À la lueur d'échecs comme celui du groupe Suez en Argentine, qui a décidé de se désengager après la dévaluation qui a ôté toute rentabilité à son contrat de concession, il semblerait que ce soit justement ce modèle français de gestion de l'eau qui soit battu en brèche. Loïc Fauchon reconnaît que les concessions ne peuvent fonctionner que dans des pays riches ou à forte croissance. Mais pour Pedro Arrojo, le problème des concessions est qu'elles "transforment les citoyens en clients". Dans cette perspective, ceux qui n'ont pas les moyens de payer leur accès à l'eau perdent en fait leur citoyenneté. Mais le problème ne vient pas tant des entreprises, dont le but est de faire des bénéfices, que des gouvernements locaux qui abandonnent leur rôle de régulation, estime-t-il. "L'État peut déléguer une fonction, mais pas une responsabilité", résume Alexandre Braïlowsky, directeur du développement durable d'Aguas Argentinas (groupe Suez).

Loïc Fauchon préconise donc l'invention de nouvelles modalités de PPP pour les pays en développement. La clé du succès ? Que les gouvernements améliorent leurs compétences en matière de gestion de l'eau.

Laurence Pantin, à Mexico

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Nouvelles pistes de financement

La Tribune - édition du 22/03/06


15 à 30 milliards de dollars par an : c'est, selon Angel Gurría, secrétaire général désigné de l'OCDE, le montant des investissements annuels à consentir pour réduire de moitié le 1,2 milliard de personnes n'ayant pas accès à l'eau potable, ainsi que les 2,6 millions de personnes n'ayant pas de système d'assainissement de base.

Le plus gros effort est à faire dans les pays émergents, où la situation est la plus grave et où les schémas de financement existants ont montré leurs limites. Tout d'abord, "le grand rêve des années 90 a été de se dire que l'eau était un service marchand, et les opérateurs privés devaient donc pouvoir, avec une gestion efficace et une tarification adaptée, amener des financements", déclare Alexis Bonnel, responsable de la division infrastructures de l'Agence française de développement. Aujourd'hui, "tant les partenaires privés que les agences de développement sont d'accord pour dire que le financement privé n'est pas une solution au problème", conclut-il.

D'autre part, les déboires de Suez en Argentine ont prouvé que, publics ou privés, les opérateurs doivent éviter d'investir à partir d'emprunts en monnaie forte s'ils sont payés en monnaie locale. C'est pourquoi, "les financements doivent être des dons ou bien des prêts en monnaie locale", explique Dominique Pin, directeur général délégué des relations institutionnelles de Suez Environnement. "Si ce sont des prêts en monnaie forte, il faut qu'il y ait une couverture du risque de change qui soit apportée par un organisme extérieur."

Mais, surtout, dans les nombreux pays, comme la France, où les services de l'eau relèvent des collectivités locales, il est nécessaire de trouver des financements adaptés, souligne Angel Gurría. Pour cela, les gouvernements nationaux doivent aider les collectivités locales à trouver des fonds et les organismes financiers internationaux doivent leur offrir des prêts.

Paiement par les usagers. Enfin, une réflexion sur le paiement par les usagers est indispensable. "On peut comprendre qu'un gouvernement souhaite maintenir ses niveaux tarifaires en dessous de l'équilibre financier", conclut Alexis Bonnel. Mais "quelqu'un doit payer la note". Donc, la tarification des services d'eau est nécessaire, même si celle-ci peut inclure des subventions croisées. Par exemple, au Chili comme en France, les plus riches paient les factures des plus pauvres, alors qu'au Maroc, les excédents du service d'électricité subventionnent le service d'eau.

L. P., à Mexico



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Le droit à l'eau ne fait pas encore l'unanimité au Forum mondial de Mexico

Edition papier - Paru le 23/03/06 - 580 mots


Reconnu comme fondamental par la majorité des pays présents à cette 4e rencontre, ce droit ne figure pas dans la déclaration finale, après le refus des États-Unis. La nécessité d'octroyer une valeur marchande à l'eau fait consensus.

Le droit à l'eau a été reconnu comme fondamental par la majorité des pays présents au IVe Forum mondial de l'eau à Mexico, malgré le refus de certains, comme les États-Unis, d'inclure un tel droit dans la déclaration ministérielle finale publiée hier, qui ne fait que réaffirmer des engagements déjà pris auparavant. Outre les pays comme la France, l'Espagne et le Mexique, les représentants des collectivités locales, des parlementaires et des entreprises du secteur de l'eau se sont associés à cette reconnaissance, en soulignant qu'il s'agit désormais de "rendre ce droit effectif", comme l'a déclaré la ministre française de l'Écologie et du Développement durable, Nelly Olin.

Financements multiples. Mais l'affirmation du droit à l'accès à l'eau ne signifie pas que l'eau doit être gratuite pour tous. Longtemps taboue, la question de la valeur marchande de l'eau est désormais d'actualité et rares sont ceux qui défendent la gratuité. "Si on veut donner un service de qualité et éviter un gaspillage de l'eau, il faudra donner une valeur à l'eau", signale Jean-Louis Chaussade, directeur général de Suez Environnement. Pour autant, le forum a évité de s'engager sur des questions telles qu'un marché mondial de l'eau, comme c'est le cas par exemple pour les matières premières.

Les acteurs réunis lors du forum sont également d'accord pour reconnaître que le paiement de l'eau par les usagers n'est qu'un des éléments du financement des infrastructures nécessaires dans le domaine. L'aide publique au développement, les budgets publics et les prêts de banques commerciales ou de développement doivent tous être mobilisés pour aider non seulement les pays émergents, mais aussi leurs collectivités locales à financer les infrastructures nécessaires.

Une initiative française de solidarité décentralisée, autorisant les collectivités locales à attribuer de façon volontaire jusqu'à 1 % de leur budget consacré à l'eau à la coopération internationale dans ce domaine, a d'ailleurs retenu l'attention d'Angel Gurría, secrétaire général désigné de l'OCDE, qui a déclaré souhaiter qu'elle s'étende à d'autres pays.

Finalement, avec 11.000 participants, de l'avis de tous, le 4e Forum mondial a été plus constructif que les précédents. "C'est la première fois que nous avons la totalité de la communauté internationale de l'eau autour de la table", se félicite Loïc Fauchon, président du Conseil mondial de l'eau, évoquant particulièrement la participation des collectivités locales. "Les collectivités locales sont celles qui prennent en charge l'eau potable et l'assainissement de façon institutionnelle ou parce ce que ce niveau d'administration est proche des populations", souligne Gérard Payen, président d'Aquafed, la fédération internationale des opérateurs privés d'eau. "Donc, ils connaissent le problème" et il ne faut pas sous-estimer leur rôle.

Le débat a aussi porté sur l'expertise. "Il y a une crise de l'eau. Mais la raison n'en est pas l'épuisement des réserves d'eau, sinon la gouvernance", conclut András Szöllösi-Nagy, secrétaire du programme hydrologique international de l'Unesco.

Laurence Pantin, à Mexico