Le Mexique rêve d'un accord sur l'immigration avec les Etats-Unis
La Tribune - édition du 23/03/05
Le thème de l'immigration devrait être au centre des discussions que tiendront les trois chefs d'Etats de l'Alena (Accord de libre-échange nord-américain entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique), lors de leur rencontre prévue aujourd'hui à Waco (Texas). C'est en tout cas ce qu'espère le président mexicain Vicente Fox, qui s'est déclaré confiant quant à la possibilité de conclure un accord en matière d'immigration qui, selon lui, "ordonnera les flux migratoires" entre les deux pays.
Le Mexique étant en proie à un sérieux problème de chômage et de travail informel, l'immigration vers les Etats-Unis représente de fait une véritable soupape de sécurité pour le pays. De plus, les "remesas" (les transferts de fonds que les migrants envoient à leur famille restée au pays) ont atteint plus de 16 milliards de dollars l'année passée. Pour le Mexique, il s'agit de la principale source de devises étrangères après le pétrole, mais avant le tourisme.
Certains experts sont néanmoins pessimistes quant au dénouement de cette réunion. Certes, George W. Bush avait promis une réforme de l'immigration alors qu'il était en pleine campagne pour sa réélection. Mais Leopoldo Santos, spécialiste des relations entre les Etats-Unis et le Mexique au collège de Sonora, rappelle que la proposition faite par Bush il y a de cela plus d'un an "n'avait rien d'une panacée". Le projet du président américain, dont il est difficile de savoir s'il est toujours d'actualité étant donné l'opposition qu'il a suscitée au Congrès, consistait à proposer des visas de travail temporaire pour trois ans et renouvelables une fois seulement. En revanche, le Mexique souhaitait une amnistie pour les travailleurs illégaux déjà présents aux Etats-Unis, en plus d'un programme visant à faciliter l'accès du territoire américain aux Mexicains désireux d'y travailler. Le Conseil national de la population estime que plus de 650.000 Mexicains cherchent à passer la frontière illégalement tous les ans. D'autre part, plus de 10 millions d'immigrants, dont près de 60 % seraient mexicains, vivraient et travailleraient sans papiers aux Etats-Unis.
Priorités divergentes. Or il semble que l'attention des Américains et des Canadiens lors de cette réunion se centrera plutôt sur la signature d'une "Alliance pour la prospérité et la sécurité en Amérique du Nord", qui renforcerait l'intégration de la région en matière de sécurité, de lutte contre le trafic de drogue et contre le terrorisme, mais aussi la recherche d'une compétitivité commune. C'est à ce niveau que les priorités divergent, car les Mexicains souhaiteraient que l'Alena ne soit pas seulement un accord commercial, qui se contente de libéraliser la circulation des biens et des capitaux.
Ils rêvent d'une Alena sur le modèle européen d'intégration régionale, permettant la libre circulation des personnes. Mais si le président mexicain a fait des déclarations en ce sens, elles sont restées lettres mortes jusqu'à présent.
Laurence Pantin, à Mexico
miércoles, 23 de marzo de 2005
Suscribirse a:
Entradas (Atom)